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Global Columns

La guerre de Poutine ne doit pas éclipser l'autre crise qui menace le monde

Angie G50

Slate / Moisés Naím et traduit par Micha Cziffra et édité par Yann Guillou

Pendant des mois, Vladimir Poutine a répété qu'il n'avait pas l'intention d'envahir l'Ukraine. Mais le 24 février, il l'a fait. Depuis, les surprises se succèdent.

Poutine s'est lui-même laissé surprendre. Il est évident que tout ne s'est pas passé comme il l'avait prévu. Le dictateur a surestimé l'efficacité de ses forces armées et sous-estimé celle de la défense ukrainienne. À l'heure où j'écris ces lignes, les Russes n'ont pas encore lancé de cyberattaque dévastatrice, par exemple. Quant à la marine de Poutine, elle montre des signes inattendus de désordre et d'improvisation.

Nous avons également été impressionnés par Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, qui est aujourd'hui un exemple de bravoure pour le monde entier. De même, son peuple montre concrètement ce que signifie défendre sa patrie contre les assauts d'un dictateur assoiffé de sang.

Une armée russe infiniment supérieure

Hélas, tout ce qui précède ne porte pas à croire que les Ukrainiens parviendront à repousser les assaillants russes. La disproportion entre la puissance militaire de la Russie et celle de l'Ukraine est énorme. Cependant, nous pouvons nous attendre à une insurrection durable de la nation ukrainienne contre ses envahisseurs, laquelle suscitera la sympathie dans le reste du monde et bénéficiera d'un soutien militaire de la part de nombreux pays.

Poutine n'a pas seulement eu tort au sujet des Ukrainiens, il sous-estimait également les démocraties du monde. C'est là la plus grande surprise que ce conflit a créée jusqu'à présent: la réaction de l'Union européenne a été unitaire et efficace –ce qui est assez rare pour être souligné.

Des dirigeants, des responsables politiques et des fonctionnaires européens se sont montrés réactifs, prenant des décisions qui jusqu'à tout récemment étaient inimaginables. Les États-Unis, l'Europe, le Japon et d'autres pays se sont ligués pour faire payer chèrement à la Russie les agressions ordonnées par Poutine. Les démocraties du monde entier ont réagi avec une rapidité sans précédent.

La Suisse s'aligne

Certaines d'entre elles ont même renoncé à des principes qui ont été pendant des décennies les fondements de leur politique étrangère. Tandis que l'Allemagne a décidé d'augmenter ses dépenses militaires et d'envoyer du matériel de guerre aux forces armées ukrainiennes, la Suisse a quant à elle abandonné ce qui était jusqu'ici un élément déterminant de sa politique étrangère et même de son identité nationale: sa neutralité par rapport aux conflits internationaux.

Les sanctions sévères adoptées par l'alliance internationale ont déconnecté la Russie de l'économie mondiale. Ainsi, Poutine a condamné sa population à la pauvreté et à l'isolement puisque la situation économique russe ira en empirant. Le pouvoir se sentira davantage menacé par toute manifestation publique dans les rues et sur les places russes que par les démocrates d'autres pays. On peut, hélas, prévoir une intensification de la terreur et de la répression à l'encontre des Russes qui oseront exiger un avenir meilleur.

Parallèlement à l'aggravation de l'isolement de la Russie, les démocraties ont montré une capacité inédite à intégrer et à défendre ensemble les valeurs qu'elles portent et partagent. Concevoir et imposer des sanctions dont l'ampleur est historique et coordonner leur adoption par de nombreux pays très divers n'a pas été simple. Mais c'est chose faite!

C'est l'un des effets secondaires les plus positifs de l'invasion de l'Ukraine: on a découvert que les démocraties peuvent affronter avec succès de graves problèmes. Cette expérience peut servir de modèle pour faire face aux autres dangers qui guettent l'humanité.

Gérer plus d'une crise à la fois

Par coïncidence, quatre jours après l'invasion de l'Ukraine, un groupe d'éminents scientifiques a publié un rapport qui met en garde contre les dommages humains et matériels sans précédent causés par le changement climatique, ainsi que contre l'augmentation alarmante de la fréquence de ces catastrophes. Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) se fonde sur les recherches de milliers de scientifiques du monde entier. Selon ce document officiel, les bouleversements climatiques risquent de devenir si extrêmes que de vastes zones de la planète seront inhabitables, tout comme certaines des zones urbaines les plus peuplées.

La crise climatique qui guette la planète est au moins aussi menaçante, sinon plus, que Vladimir Poutine. L'invasion organisée par ce tyran constitue un crime impardonnable qui ne peut être ignoré et dont les victimes méritent tout notre soutien.

Mais la communauté internationale doit développer la capacité de gérer plus d'une crise à la fois. Il ne faut abandonner ni l'Ukraine, ni la lutte contre le réchauffement planétaire. Bien que ce changement climatique soit très grave, nous savons à présent que le monde est capable d'accomplir des tâches très difficiles en agissant de conserve.

Les dirigeants des démocraties du monde ont montré que face à une menace existentielle, les politiques peuvent s'adapter de manière décisive et rapide. Il est temps pour eux d'utiliser avec courage le superpouvoir que la crise ukrainienne les a aidés à se découvrir pour faire face à l'autre grande crise à laquelle est confrontée l'humanité.